"Citation"

« je ne grandirai jamais »
Je pensais déjà cette phrase à l'aube de ma renaissance. La seule chose dont je me souviens de mon ancienne vie c'est un livre vert à l'écriture dorée et aux illustrations magnifiques. Des jungles fournies, des enfants sauvages et des sirènes aux lourds cheveux parfumés parsemaient les pages de cette œuvre fantasmagorique. Ce livre...a été ma fascination suprême pendant mes cinq premières années. Tentation de toucher ces pages et cette phrase jaillissant dans mon esprit « je ne veux pas grandir ».

Un soir, alors que je dormais dans mon lit, une lueur est apparus devant la fenêtre. Mes yeux se sont posés sur cette lumière vive..de plus en plus vive avant que je ne me rende compte que c'était..une fée. Après tout est flou, ces minuscules yeux m'hypnotisaient...Et me voilà à l'aube de ma renaissance.

« la vie est belle...dans la cruauté »
Les nombreuses calvacades dans la forêt, les jeux d'eau au bord de la mer, le sourire cristallin des sirènes.

Les tueries et les actes de bravoure contre ces brutes assoiffées de sang, ces pirates, ces forbans, ces brigands. Les corps des traitres et toujours ce but ultime : tuer l'infâme capitaine crochet afin que le bien triomphe. Car c'était eux les représentants du bien et les seuls juges de Neverland.

Sur leur rocher, ils ressemblaient à des maîtres tout puissants. Ils cultivaient leur amitié avec les peaux rouges et dansaient jusqu'au petit matin devant des feux en imitant le peuple indien. A travers leur yeux, Neverland ressemblait à une vaste cour de récréation réservés aux enfants perdus et à leur roi : Michael. 

Si quelqu'un perturbait leur jeux en essayant d'y instaurer des règles, il était traité comme un traitre. C'était leur jeux préféré : prendre un rabat joie et le juger..avant de le pendre. Wendy avait pris trop au sérieux son rôle de maman..dommage pour elle.

Parce qu'ici il n'y a pas de maman, pas de papa, pas de règle, pas de fin du jeu.

« pourquoi as tu mis fin au jeu ? »
Et puis le changement. Dans chacun des gestes du roi déchus, il y avait ce changement... palpable, présent, implacable. Partout les terres semblaient changer, murir au grés des envies de l'architecte.

Michael changeait lui aussi. Il semblait ravis. Ils semblaient tous positivement enchantés de murir. Le jeu prenait peu à peu fin. Les jungles étaient désertés, les gargottes semblaient être assiduement fréquentées.

Et le voile se déchira sur l'atroce vérité. La fin du jeu avait été déclaré par l'enfant le plus admiré et le plus craint : Michael. Certains avaient été surpris mais pour la plupart il n'y avait pas eu de chagrin à abandonner leur ancienne vie.

O comme je vous déteste, vous avez détruit mon monde onirique, vous l'avez saccagé avec votre luxure, votre vanité, votre dépravation. Monstres ais-je hurlé au milieu de la forêt déjà imprégné du changement qui s'était opéré chez Michael.

J'ai courru aussi vite que j'ai pu vers notre sanctuaire. Et je l'ai vu partir. Je les ais tous vus quitter notre havre de paix comme si cela n'avait été qu'un moment agréable mais vite oublié. Nous étions immortels et ils avaient voulus devenir mortels les idiots.

Je me souviens... d'avoir hurlé contre l'architecte de notre décadence. Il m'a regardé de ces yeux bleus comme l'océan et m'a simplement répondus "grandis" d'un air méprisant.

Assassin ! Un jour l'arbre des pendus sera de nouveau le centre de Neverland. Et toi tu ne seras plus qu'un vague souvenir.

Michael...Tes lèvres insolentes, ta masse de cheveux bouclés et ce torse musclé d'adulte que j'abhorres..oui je refuse d'être charmé par ce charisme sauvage car tu es contre nature.